Pourquoi faire classe dehors en automne ?

Une lettre écrite par Alexandre et Nathalie, enseignantes ambassadrices de la classe dehors

Cher enseignant, 

Tu hésites encore peut-être à te lancer en classe dehors ? Tu te dis sûrement que ce n’est pas le bon moment. Il y a déjà bien assez à faire en classe avec la mise en place des rituels, le cadre à poser et les élèves doivent déjà se familiariser avec leur nouvelle classe. 

Et puis la météo n’est pas toujours favorable en automne : il y a du vent, il pleut, il commence à faire froid.

Alors oui, le début d’année est une période chargée au rythme soutenu, mais ces moments en plein air peuvent justement être salutaires et permettre aux élèves comme à l’enseignant de ralentir, de se ressourcer et de rendre cette période de reprise plus douce. La nature, on le sait, diminue le stress et l’anxiété, améliore l’humeur et restaure même l’attention. Ces temps de classe dehors seront donc profitables non seulement pour le bien-être mais aussi pour les apprentissages.

Et plus tôt vous commencerez la classe dehors, plus tôt les élèves s’approprieront ce nouveau cadre d’apprentissage et plus rapidement les bénéfices se feront sentir.

Concernant le temps, en cette période de météo changeante où les virus circulent facilement, il est important d’éviter de rester confinés en classe toute la semaine. Sortir régulièrement en plein air permettra non seulement de limiter la transmission des microbes mais aussi de renforcer le système immunitaire des enfants et du professeur ! Et puis comme le dit le dicton “il n’y a pas de mauvais temps, seulement de mauvais vêtements!”.

Faire classe dehors dès le début de l’année, c’est offrir aux élèves l’opportunité d’expérimenter la nature au fil des saisons. C’est observer les changements progressifs du paysage, découvrir les différents phénomènes météorologiques, vivre des expériences sensorielles propres à chaque période et traverser le cycle des saisons dans son entièreté. D’autant qu’en cette saison, la vie animale est en pleine effervescence : certains animaux migrent, d’autres s’activent pour faire des réserves ou chercher un abri. Les végétaux ne sont pas en reste, notamment avec la chute des feuilles et les transformations visibles dans le paysage. Autant d’occasions d’observer, de questionner et de comprendre les stratégies du vivant pour affronter l’hiver.  

Enfin, l’automne est une saison idéale pour l’exploration des sens : les couleurs chatoyantes des feuillages,les textures variées des fruits, les odeurs humides portées par le vent, le crépitement des feuilles sous les pas ou leur froissement au gré du vent sans oublier les saveurs réconfortantes des fruits et légumes de saison. Tout invite à l’éveil sensoriel.

C’est également une saison d’abondance, où la nature met à disposition une grande richesse de matériaux.  Les sols regorgent d’éléments naturels qui pourront nourrir de nombreuses activités et notamment des bricolages créatifs. L’automne est une saison particulièrement inspirante pour apprendre, explorer et créer, ce serait vraiment dommage de s’en priver.

Et puis, soyons honnêtes : nous aussi, enseignants, avons besoin de cette respiration. De cette parenthèse hors murs où l’on se surprend à sourire en voyant un enfant ramasser une feuille “trop belle pour la laisser là”, ou s’émerveiller devant un escargot comme si c’était un trésor. Ces moments, si simples en apparence, réenchantent notre métier. Ils nous rappellent pourquoi on a choisi d’enseigner : pour partager la curiosité, le vivant, le vrai.

Faire classe dehors, c’est aussi se donner le droit de ralentir. De sortir de la performance pour revenir au lien. De regarder les enfants bouger, chercher, tâtonner, collaborer. C’est retrouver une forme de pédagogie instinctive, joyeuse et profondément humaine.

Et si l’on écoutait un peu plus les saisons ? L’automne nous enseigne la douceur du lâcher-prise : les feuilles tombent, mais l’arbre ne meurt pas. Il se prépare, simplement. Faire classe dehors, c’est aussi ça : apprendre à accueillir le changement sans résistance, à observer avant d’agir, à faire confiance au rythme naturel des enfants  et des apprentissages.

On espère t’avoir convaincu d’enfiler tes bottes et ton k-way pour partir dehors avec ta classe !

Et si tu veux une astuce pour te lancer : n’attends pas le “moment parfait”. Choisis un jour, une heure, un coin de nature, et pars avec eux. Le reste viendra. La magie opère toujours, dès qu’on accepte de s’asseoir sur un tronc mouillé pour écouter les oiseaux.

Alexandra et Nathalie